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*lys*
23 mars 2008

Atelier d'écriture 1 - L'extincteur.

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Rouge. Du rouge. Froid et lisse. Un océan froid et lisse. Un œil. Ah non ça c’est mon reflet. In case of emergency. Du rouge lourd et bombé. Un rouge sang. Comparaison stupide. Un rouge un peu foncé. Quand j’étais petite et que ma mère partait danser, elle déposait un baiser de rouge à lèvre sur ma main pour que je la garde près de moi. C’est ce rouge-là. Le rouge des lèvres pour aller danser. In case of emergency. Des petits carrés jaunes avec les consignes à respecter. Ne pas mettre près du feu, ne pas percer, ne pas secouer, et « in case of emergency », et un peu plus en dessous encore « extincteur » . Pourquoi ne pas avoir tout écrit en français ? Je suppose que ce sont des choses qu’on ne lit pas de toute façon. Le rouge doit parler de lui-même. Ce rouge…bref. Un rouge flambant neuf. Ou en tout cas il en a l’air. Pas une trace de doigt, une couleur vive, une écriture  nette.

Sur tous ceux existant, combien d’extincteurs ont-ils déjà été utilisé ? Pas tant que ça finalement…

Je me vois dedans. En rouge. Logique. Je passe ma paume sur la surface lisse. Si je ne savais pas que c’était de l’air, je penserais que ça contient de la neige. C’est vraiment froid. Mes doigts se perdent dans l’anneau. Je ne sais même pas à quoi il sert cet anneau… Et ce gros bec noir me fait pensait à un masque à oxygène. Quoi que je n’en ai jamais vu. Mes doigts se figent. Je m’arrête. J’observe. L’extincteur. Mon extincteur. Plus rien autour n’existe. Il n’y a rien autour de toute façon. Du vide. Et le rouge de mon extincteur rouge. Je me sens protégée avec mon extincteur protecteur, assise en tailleur au milieu de rien.

Le parquet craque. Je sursaute et m’agrippe à mon objet. In cas of emergency. Un homme entre. C’est lui. Il me regarde. Intensément. Puis regarde mon extincteur. Intensément. Immobile. A la fois curieux et inquiet, je ne sais pas.

LUI. Qu’est ce que c’est ?

La pièce est tellement vide que sa question claque aux murs comme un écho.

MOI. Un extincteur.

Je feins l’innocence. Il me dévisage comme si j’avais fait quelque chose de mal. De très mal. Son corps est raide. Sa voix froide. Plus froide que mon océan froid et lisse

LUI. Qu’est ce que ça fait là ?
MOI. Je l’ai trouvé

Ma réponse ne semble pas le satisfaire. Il s’avance d’un pas. Je m’agrippe à mon objet. Un sourire se dessine sur son visage. Un vilain rictus narquois.

LUI. Je ne vais pas te le voler.
MOI. C’est MON extincteur.

Il s’approche encore. Je ne relâche pas mon étreinte. Je n’aime pas cet air condescendant qu’il prend en me regardant.

LUI. Tu ne t’ai pas dit que cet extincteur, avant d’être à toi devait être à quelqu’un d’autre ?

Je ne lâche pas mon objet. Lui s’avance doucement. Comme pour désamorcer une bombe. Je suis maintenant totalement lovée autour de ma bonbonne.

MOI. Je l’ai trouvé.
LUI. Tu ne t’ai pas dit que cet objet que tu as trouvé est peut-être manquant ailleurs.

Mes yeux s’écarquillent. Ma gorge se noue. Je dessers mon emprise.

MOI. Ou alors, il a été placé ici pour une raison.

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