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*lys*
28 avril 2008

Pont d'Arcole.

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J’ai longtemps cru que ‘ice cream’ se traduisait ‘cri de glace’ en français. ‘Ice scream’. Je trouvais ça joli. Poétique.
Un cornet deux boules cookies and cream. Ça fond. Coule en paquet sur mon jean. Et pourtant je ne peux pas bouger. Je suis comme tétanisée, absorbée par un couple en train de s’embrasser. C’est cliché de s’aimer à Paris. C’est cliché de s’embrasser sur un pont. Je suis aigrie. Les papilles gelées et les cuisses trempées. Les gens se baladent deux par deux. Comme dans un mauvais clip pour une mauvaise chanson d’amoureux. Des noirs, des chinois, des gris-Paris… Ça grouille. Ça fourmille. Ça se presse l’un contre l’autre les mains dans les poches et le sourire vide. Ça se tendresse. Ça se bonheur. Je les envie.
Mon jean bleu est blanc tacheté chocolat.  Je suis seule sur un banc. Je reste là. Je ne sais même pas ce que j’attends.
Il semblerait que l’on puisse vivre seul. Je n’avais jamais envisagé cette possibilité auparavant. Ma tante est seule. D’aussi loin que je m’en souviens. J’ai longtemps pensé qu’elle était stérile ou frigide. Mais peut-être pas…
Des filaments de cheveux me caressent la nuque sous le vent. Deux femmes passent. Main dans la main. Les ponts ça été inventé par un mélancolique. Je ne vois pas comment il peut en être autrement. Sinon pourquoi tant de gens s’y jetteraient. Seuls.

C’est rare qu’on se suicide à deux.

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