"J'ai tué ma mère."

Tout est à cause de ma mère. Ce que je suis. Ce que je ne suis pas. Mes choix. Mes envies. Mes obsessions. Mes névroses. Mes goûts. Et pour ça je devrais la remercier. Mais au lieu de ça je la méprise. Simplement. Platement. Si je prends tant de photos c'est parce qu'elle découpait sa tête sur celles des réunions de famille. Nous privant de son sourire figé sur papier. Nous privant du souvenir de ses cheveux courts. Nous privant des souvenirs. Mémoire découpée selon les pointillés. Si je ne supporte pas qu'on hausse le ton avec moi c'est parce que ça me rappelle sa voix. Ses cris. Ses hurlements. Ses gémissements. Sa tête cognée contre les murs. Mon dos contre le pommeau de la baignoire. Ses mains sur mon frère un soir d'adolescence. Mon silence pendant des mois. J'aurais aimé aimer ma mère, vraiment. Si je lis c'est parce qu'elle a été libraire. Si je porte des couleurs c'est à cause de cette salopette jaune à cinq ans. Si j'ai peur d'être abandonnée, c'est parce qu'elle l'a été. Enceinte jusqu'aux dents. Le ventre trop gros et le coeur vide. Si j'aime les figues et les pivoines c'est parce que ce sont ses préférés. Si j'aime la mer c'est parce qu'elle s'y est baignée. Le désordre parce qu'elle n'aime pas ranger. L'odeur du musc blanc, pour ses câlins d'enfance. Le rouge, pour ses lèvres. Ecrire, pour son silence.

Comments

[*lys*]

Il paraît.

[Marion]

Belle déclaration d'amour à ta maman.
Il paraît qu'on peut faire avec. Ou tout contre. Mais pas contre, par contre.

[*lys*]

Malice, si ça me touche c'est que j'admire beaucoup la tienne de sensibilité...

Osmany, tu en doutais ? Bises.

[Osmany]

Tu es touchante quand tu veux... Bises

[malice]

Si j'aime c'est parce que tu écris bien et aussi parce que c'est d'une belle sensibilité. Je t'embrasse