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*lys*
19 décembre 2010

Et de deux qui font trois.

J'écoute la mer dans des gobelets en plastique. Le ventre creux et les tempes qui explosent. La tête dans l'eau, hors de l'eau, dans l'eau. Une plaque froide à la place du coeur. Un goût de fer sur ma langue. Le flou de ta bouche saumon. De tes lèvres anis. Et de la fumée tout ça. De tes yeux qui me transpercent de part en part. Tu ne me regardes pas. Jamais. Tu vois au delà. Là où personne ne regarde. Tu finis ta gorgée de bière. Tes mains froides sur le verre froid. Le cliquetis de tes bagues. Ta moue boudeuse. "Tu m'embêtes". Ca brûle dans ma gorge. Je baisse les yeux. Me concentre sur les biscuits Belin dans une coupelle en porcelaine. Je baisse les yeux pour ne pas t'embêter, pour t'embêter un peu moins, alors que moi ce que je voudrais c'est t'embêter tout le temps et pour longtemps, demain, demain, et même le jour d'après. Tu souris mais ce sourire triste je le connais par coeur. Celui qui dit: je suis désolée d'avoir jouée avec toi je ne voulais pas que ça se passe comme ça pas avec toi tu me plais tu me plais trop et je ne devrais pas je ne mange plus je bois trop j'écris des textos des textos tout le temps comme si on avait quinze ans j'aurais aimé te rencontrer au collège. (C'est bavard un regard). Et moi aussi je souris de ce sourire triste pour ne pas laisser ma gorge se serrer tout à fait. Je suis une mouette. Les gens me détruisent. On me trouve comme ça, échouée sur un bord de plage. Le souffle éteint. Les plumes blanches et grises. Fines et légères. Belle. Tendre. Attirante. On me trouve comme ça sur le sable et de la pointe de la chaussure, doucement, on me détruit. Le sujet d'une pièce de Tchekhov. J'essuie des verres et mon patron me parle de ténacité, de quelque chose de plus profond. Mais tout ce qui est profond c'est le vide en moi. Et le tourbillon des instantanés de souvenirs. De ces moments que je serre contre moi comme un talisman. Sale et sincère je crois. Je ne sais plus. J'oublie. Moi aussi.

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