Ridicule.

Marcher vite. Passer devant ton restaurant. Comme ça l’air de rien. Agrippée à mes sac platoc monop’. Bien calés contre ma poitrine. Mes pensées enfouies sous ma veste rouge. Mes doigts qui jouent avec une excroissance de pot de yaourt à travers le plastique blanc. Espérer te voir. Ou pas. Je ne suis plus sûre. Trop tard, je suis engagée dans la rue, je change de trottoir, je te guette de loin derrière une mèche de cheveux. Je suis ridicule. Une junkie de l’espoir. J’arrive à hauteur de la vitrine qui indique ‘foie gras maison et bouillabaisse’. Deux trois tables sont occupées. Tu es derrière de la vitre, comme un objet inaccessible sous plastique. Je te brûle du regard. Tu te tournes. Tes yeux croisent les miens. Mes pieds s’emportent. Je baisse la tête et fixe l’embout du gel douche qui dépasse de mon sac. Je sens tes yeux sur moi partout dans ma tête. Mon sang éclate dans mes doigts et rougis mes tempes. Ridicule. Je suis ridicule.