Attente.

J’ai d’abord continué à assortir mes sous-vêtements. A m’épiler les jambes, à me gommer le corps, sans vraiment chercher à me laver de toi. J’ai continué à me regarder en minaudant devant le miroir, de robe en robe, l’œil cerné et le rêve lascif. Un trait sous le regard noir. Du rose qui rit sur mes joues et une odeur de musc blanc partout autour de moi et jusque dans les recoins de ma peau. J’ai gratté la terre de mes défauts, lissé mes complexes, mes cheveux tombaient en paquet sur ma nuque et ça ne me dérangeait pas. Je crevais de bonheur, partout à travers mes pores, le cœur battant et la gorge sèche. J’étais belle. Tous le soirs j’étais belle. Poupée apprêtée prête à consommer. Je t’ai attendu. Des heures. Un jour. Puis deux. Putain j’étais belle. Et puis j’ai rangé mon rouge à lèvre et mes rêves de minettes. Trois jours ont passé, j’ai piétiné mes espoirs, mes envies d’étourdie. Tapé ma tête trois fois contre les murs et attendu. La main près du téléphone, puis moins. Puis moins. J’avais tant de choses à te dire. J’ai fini par arrêter de me souvenir de ce que je voulais te raconter. J’ai rempli ma vie pour ne pas penser à ce silence, tout ce silence qui me vide. J’ai rempli mes journées pour ne pas peser les minutes muettes de ton absence. J’ai beaucoup travaillé, j’ai visité. J’ai vu tous mes amis. J’ai bien ri derrière ma mélancolie. Comme un grincement de dent, un grincement de cœur. J’ai attendu. Quatre jours, puis cinq. Je t’ai écrit un sms, l’ai effacé. Dans ton mutisme savamment négligé à mon tour j’ai plongé. Mais toi, toi partout dans ma tête tu continuais d’exploser, et j’hurlais pour te faire taire. Te faire taire dans ma tête qui t’attend. Malgré elle. Malgré moi. Six jours et un de plus encore. Tu fais le mort. Je me ronge les lèvres jusqu’au sang. Je ris, je crève, je t’attends.