Le baiser.

S’il faut répondre sur le ton de la légèreté à sa petite proposition, je lui dirais que mon cœur est prit mais que le reste est libre. Cette constatation m’use et me consterne mais à quoi bon. Il faut bien vivre. Alors usons. Ses draps. Les pavés. Nos certitudes. Et les fous-rires de millions d’histoires pas drôles. Je fermerais les yeux sur son amour du foot. Il fera semblant de ne pas voir mes petits problèmes de fille. Le gras et tout le reste. Il me plongera dans cet inconnu tant attendu. Et il me regardera dormir le matin avant d’aller travailler. Et il me laissera choisir sa cravate les grands jours. Et il dira tu sais tu es très jolie avec cette robe. Et même sans. Et on le vérifiera. Plusieurs fois par jour s’il le faut. Et il me fera du canard à l’orange. Et le soir il m’embrassera pour voir si je n’ai pas trop bu… Il paraît, mais tout ceci n’est que supposition, que cette suspicion est à l’origine du baiser tel qu’on le connaît. L’homme de retour d’affaires douteuses tard la nuit embrassait sa femme pour savoir si elle ne s’était pas enivrée sans lui.
Vive l’amour… C’est d’un ennui.