Baisers.
La première fois que j’ai embrassé Ilya c’était sur son scooter. Enfin c’est plutôt lui qui m’a embrassé. Alors que je parlais. C’était tendre et minuscule. Inconfortable à cause des casques mais tellement surprenant de spontanéité. Magique. On aurait dit une scène de film. Il a recommencé au feu rouge. Et à celui d’après. J’ai embrassé Dean dans un frigo. J’ai ouvert la porte je l’ai prit par la nuque et je lui ai dit que je n’avais jamais embrassé un garçon dans un frigo. On a remédié à ça longtemps. Puis dans mes escaliers. Longtemps. Arnaud, je l’ai embrassé dans une piscine. Lui dedans moi à genou sur le rebord. J’avais trop bu et j’ai failli tomber à l’eau en me baissant. Qu’importe on se serait embrassé quand même. Sous l’eau. Mon premier Arnaud je l’ai embrassé sur son canapé. Lui proteste et maintient qu’il a fait le premier pas. Il ne faut pas le croire évidemment. C’était maladroit. On a remis ça sur le pas de sa porte. Puis dans le bus. Puis on s’est dit qu’on pourrait s’embrasser comme ça pendant trois ans. Alors on l’a fait. Un soir j’ai embrassé Gabriel. Mais ça ne compte pas c’était parce que j’étais sa reine pour la galette des rois. Un Adrien m’a embrassé aussi, mais ça non plus ça ne compte pas parce que c’était sans la langue et qu’il avait une copine. C’était à la fois furtif et attendrissant. Vrai. A Noël j’ai embrassé Matthieu dans le couloir à l’abris des regards. Mais son cœur balançait pour une autre fille ou un truc comme ça, enfin ce qu’il faut retenir c’est que je suis une fille bien et qu’il ne veut pas me faire du mal. De toute faon il avait les lèvres sèches et le cœur cramoisie. Au premier de l’an j’ai embrassé un Julien. Sauvagement. Pendant des heures. Il m’a murmuré qu’il allait me manger mais ça n’a pas duré.
Un jour j’ai embrassé Henri. Dans le noir. Sous les étoiles. Mais ça il ne faut pas le dire parce qu’on était prit. On était petit. J’ai embrassé un Manu. Mais ça non plus ça ne compte pas c’était pour le théâtre. J’ai embrassé une Pauline, une Laura, un Gaspard, un Jules et un Victor. C’était un pari. Et on avait bu. Trop bu. J’ai embrassé Karim un soir, parce qu’il me l’avait demandé gentiment. L’appartement était joli j’ai dit oui. Un jour j’ai eu très envie d’embrasser mon voisin au cinéma à la fin d’un film triste. Mais parfois on a juste pas le courage d’aller au bout de ses envies. Je ne me souviens plus de la première fois que j’ai embrassé Tiago. Sûrement devant le lycée un jour d’ennui. Il n’était pas beau, mais lui me trouvait belle. C’était le premier. Enfin avant il y avait eu Maxence. On était jeune, mon dieu qu’on était jeune. On a dansé un slow, puis deux, puis douze. Il a fourré sa langue dans ma bouche en me collant contre un mur. J’ai trouvé ça ridicule mais j’ai rien dit. Je crois même que j’ai souri. Un jour j’ai embrassé Jonathan, c’était un action ou vérité dans un bus scolaire. Mais Jonathan c’est le garçon qui m’a dragué de ma 5ème jusqu’à aujourd’hui. Alors on peut dire qu’il l’avait mérité pour les années d’après. Il y a eu un pompier aussi. Une fois. Je l’admets. C’était pour rire. C’était cliché. Au milieu de la foule. Sur du Pink Martini. C’était langoureux. C’était débile. Il voulait m’emmener voir la mer. J’aime bien la mer. Par contre j’ai jamais aimé les garçons musclés au crâne rasé…
Si un jour j’embrasse Nicolas, il faudra au moins que ça soit sur un toit. Très haut. Au-dessus de Paris avec la nuit qui se glisse entre nos doigts.
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