Elle dit:
Tu marches. Dans la nuit tu marches et tes pas sont plus avisés que le jour. Tu marches. Droit devant et la certitude des gens qui n'ont jamais froid accrochée à tes pieds. La beauté du décidé. L'aura de l'audacieux. Je t'envies. Tes pas s'enfoncent et se brûlent sur le parcours de mes seins, de mes hanches, de mon cou qui crie parfois tendresse. Je t'envie. Je regarde tes cils caresser les cimes du monde en silence. Ta bouche pâle. Mon souffle court. Tu tisses le temps avec de longues aiguilles à tricoter. Le rouge me ravie et je trempe parfois mes lèvres dans ton sang. Je te mange. Te dévore. J'engloutis l'engourdi qui te pèse. Te libère du poids des mots. L'envol léger, tu me remercies. Tu enfiles tes espadrilles de vent. Tu marches. Dans la nuit tu marches et tes pas sont plus avisés que le jour.