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*lys*
24 novembre 2009

Maman.

Maman, les jours ont passé comme a leur habitude et je ne suis toujours pas sûre de comprendre. La rumeur adolescente grouille en moi et je me perds dans les souvenirs mêlés de sable fin. Les vrais. Et ceux inventés. Je ne sais plus démêler mon passé de mes fantasmes, ma vie vécue de ma vie rêvée. Je sais qu'il y a des choses que j'ai oublié. Volontairement oublié. Ou du moins il me semble. Le flou me gratte, le flou me ronge. Ecorce croûtée à gratter, je veux changer. Grandir. Devenir adulte. Créer et savoir pourquoi je crée. Pourquoi je crée ?
Maman, tu m'as dit l'Art c'est bien mais tu ne m'as pas expliqué pourquoi. Et me l'as-tu vraiment dit... Je ne me souviens pas. Je ne me souviens plus... Souvent je fais semblant d'écrire en étant une autre personne. Je biaise. Je faible. J'utilise des mots qui sont mes mots, des sentiments qui sont mes sentiments et je ne les assume pas. Je montre tout en étant cachée. Et puis je me planque derrière le rire. J'ai peur d'être ce que je suis. Seulement. Simplement. Alors je ris. Et je fais rire. Je biaise. Je faible. Encore. Et mettre des habits me construit finalement. Me personnage. Me jeux de rôle. Je fais semblant de parler de moi à la troisième personne. Drapée de couleurs bariolées. Au fond, j'ai peur d'être triste. Au fond. Bien au fond. Derrière les couches de terre, d'épiderme et de souvenirs. J'ai peur d'être triste. De mal cacher mes faiblesses, mes secrets, mes doutes, mes fêlures, mes peurs... Toutes ces choses qui me rendent humaine. J'ai peur d'être humaine. Juste humaine. Simple. Banale. Facultative. Je voudrais être indispensable pour ne jamais être abandonnée. Laissée de côté. Mise à l'écart. Je voudrais tout vivre, en même temps. Être ici et ailleurs. Exister au même moment que les gens, tous les gens. Je ne veux pas être loin des yeux loin du coeur. Je ne veux pas, et pourtant.
Maman, tu m'as dit l'Amour c'est ce qu'il y a de plus beau mais tu ne m'as pas expliqué pourquoi. Tout a toujours été compliqué. Je t'ai vu taper ta tête contre les murs, ronger les hommes jusqu'au fantôme. J'ai perdu l'innocence. Il y a longtemps que je l'ai perdu. Il y a donc le premier amour, dégouli affreux de bonheur et d'erreurs. Peut-être nos plus belles années. Mais voilà. On tombe une fois amoureux et puis le  reste du temps on fait semblant. On biaise. On faible. On se trompe souvent. On perd son temps?
Maman, les jours passent comme à leur habitude et je m'efforce de marquer le temps. Je note tout. Tout le temps. Je suis accro à la photo. Paranoïa polaroïd, je me vide. Je m'autoportrais. Pour ne pas m'effacer. Ne pas m'oublier. Ne pas disparaître comme tu le fais. Ne pas laisser aux autres que des petits ronds de papiers découpés sur les photos de famille au complet. Que des traces. Des indices. Des pistes. Je refuse d'être cachée au risque d'être perdue. Je veux savoir qui je suis. Me connaître. Etre un jeu fléché ne me fait pas rêver. Je préfère montrer trop que pas assez. Tout donner en brut et laisser trier. Mais qui est encore assez patient pour trier?
Maman, je ne t'aime pas mais j'aimerais comprendre pourquoi. Nous avons des souvenirs. Des bons comme des mauvais. Des goûts en commun. Pour les figues et les pivoines. Et je ne peux pas nier ton soucis de transmission du goût de l'Art même si je ne sais plus vraiment à quoi il tient. Je ne t'ai jamais vraiment détesté ni jamais adoré. L'indifférence c'est sûrement ce qu'il y a de plus cruel. Peut-être nous entendions-nous quand j'étais petite... Les souvenirs m'échappent. Me biaisent. Me faiblent. Oui, maman,  les jours passent comme à leur habitude, et je me sens toujours aussi lâche. Et je déteste les lâches.

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